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Je demeurais longtemps errant.
5 mai 2009

Il demeurait au delà de l'eau.

On devrait cesser de dire sans cesse "je ne pourrais m'en prendre qu'à moi même". "Je ne pourrais m'en prendre qu'à mes actes", a "mes choix" à la limite, serait, dans bon nombre de situations, tellement plus à propos. C'est une distinction que j'ai apprise  presque à coups de poings lorsque, malgré mes actes et la volonté qui les ont accompagnés, malgré ces actes donc auxquels je ne pouvais m'en prendre, je me suis retrouvé face à des impossibilités moins noué esà mes mains qu'à ce qui se nommerait peut-être inconscient dans ce cas.

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Avez vous déjà essayé de vous disserter ? J'entends, d'évoquer cette route dont les cailloux, même si les premières blessures ont déjà cicatrisé, vous écorchent encore les pieds, et qui vous mènent lentement vers vous-mêmes, et ceci, en trois parties et trois sous parties, dans une pensée construite et claire, et surtout sans parti pris ? Mon introspection est fragmentaire, nous voilà un point commun ami Pascal, qui m'empêche, ou du moins, m'a empêché je crois, de poursuivre plus loin, laissant amputée cette introduction qui elle-même n'était déjà pas bien prometteuse.

Parce que, si j'ai aimé Les Pensées, ce n'est pas pour ses qualités d'écritures, pour l'intelligence de l'homme, ou pour une sorte d'attirance vers le mystique, ou du moins, pas uniquement. C'est d'abord et surtout parce qu'à la lecture, ou du moins à la lecture des liasses au programme, ce fut comme retracer sur une carte l'itinéraire d'un voyage initiatique, dont les milles images et souvenirs, bons, tristes, vides, ou encore difficiles à supporter, sont chacun une pierre de l'édifice.
J'ai été Vanité à la fois sûre de moi, de ma valeur abusée, et sans cesse renvoyée à l'absurdité de notre présence et de nos qualités innés. J'ai vécu la Cantatrice Chauve comme une vérité absolue, abhorré le langage pour tout ce qu'il offre de silences gâchés et de discussions accessoires - je me suis donc tu ; j'ai préféré prendre le temps comme il est, déréglé et discontinu ; je n'ai plus cherché la clarté mais l'irrationnel pour vivre pleinement le monde, me pensant supérieure et méprisant les gens qui, pragmatiquement, se plongeait bien trop dans le rationnel.
Alors, j'ai expérimenté la solitude et j'ai été Misère. J'avais perdu l'or et les diamants et mon trône ne surplombait rien d'autre que cette Vanité insupportable, que cet espace infini dans lequel je m'engouffrais. Engluée et impuissante, j'ai été ce roi dépossédé de tout.
Puis s'est dessiné sur la toile, l'esquisse d'une mer agitée sur laquelle les mouvements de mon bateau peinaient à s'uniformiser, mais je restais maître de cette danse chaloupée. Je pouvais penser, prendre conscience, interpréter. J'ai compris qu'il fallait cesser de regarder les vagues et canaliser la peur, la transformer en énergie pour prendre le gouvernail en main. Oui, j'étais faible et misérable, oui, j'étais vide et mon existence vaine, mais si la simple Grandeur de cette faculté qu'était la pensée pouvait emplir ce néant de quelques choses pendant les années à venir, après tout, ça valait bien la peine de suer quelque goutte pour atteindre le port. 
Néanmoins, il reste impossible de nier cette bataille à mains nues que se livre le capitaine et la mer indomptée. Les Contrariétés, encore, cohabitent avec difficulté, mais je sais la Grandeur, et j'ai depuis quelques années perdu ce pessimisme néfaste, alors toujours la Misère finit par s'incliner.

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Peut-être suis-je perdue dans le Divertissement, sans doute. L'effort pour arriver à un discernement total et juste de ce qui nous entoure est important, et sans doute je reste encore et resterais souvent dans l'erreur. Mais je ne peux faire taire cette voix assurée qui affirme que la route mène quelque part, sans doute pas à la religion, peut-être même seulement à une petite maison en bois discrète et obsolète au regard de ce qu'est le monde, mais il y a un lieu physique ou intérieur dont le sol serra marqué de mes pas.

Scolairement, mon travail n'ayant pas manqué, je ne peux m'en prendre qu'à moi-même, qu'à mon incapacité à parler des choses que j'aime de manière scolaire, qu'au lien trop étroit que j'entretiens avec cette œuvre. Je ne me justifie pas devant vous, je m'explique à moi même cet échec que nous nommerons "accident" pour rester conforme et ne pas expliquer plus longuement comment, la Vanité et la Misère se sont trop bien exprimées.

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