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Je demeurais longtemps errant.
25 mai 2009

P O S T F A C E Te voilà guéri, intrépide.

P O S T F A C E

Te voilà guéri, intrépide. Intrépide et stupide, secoué dans le désordre que tu déteste, toujours en fuite de quelque chose, en route vers quelque chose, ton traîneau entouré de neige et de loups.
Te voilà guéri et seul, revenu l'hiver dans cette grande maison vide où tu écrivais ce livre, entouré d'une famille. Tu écrivais ce livre dont tu corriges les premières épreuves auxquelles tu ne comprends presque plus rien.
Intrépide et stupide, encombré de tâches qui t'entraînent dans des tâches, essayant d'atteindre un but que tu ornes comme une arbre de Noël.
As-tu droit à Noël et à une maison calme ? As-tu le droit d'écrire ces oeuvres de calme qui jugent les hommes et les condamnent à mort ?
L'autre soir, pendant une conversation à table, tu as appris ton âge. Tu ne le savais même pas car tu comptes mal et tu n'établissais pas le moindre rapport entre la date de ta naissance et l'année ou nous sommes. Quelque chose en toi en a été stupéfait. Ce quelque chose s'est pernicieusement communiqué à l'organisme, jusqu'à ce que dises : "je suis vieux." Tu préférais sans doute t'entendre dire : "Tu es jeune", et croire ce que te racontent les flatteurs.
Intrépide et stupide, il te fallait prendre un part. Cela limite la difficulté d'être, puisque pour ceux qui embrassent une cause, ce qui n'est pas cette cause n'existe pas.
Mais toutes les causes te sollicitent. Tu as voulu ne te priver d'aucune. Te glisser entre toutes et faire passer le traîneau.
Eh bien, débrouille toi, intrépide ! Intrépide et stupide, avance. Risque d'être jusqu'au bout.

La difficulté d'être, Jean Cocteau

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